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24/02/2023

L’accès à l’eau en Polynésie

Un mois et demi que nous sommes arrivés en Polynésie et une semaine après notre grand départ pour les Tuamotu et notre tour du Pacifique, nous partageons avec vous le journal de bord de nos découvertes et activités.

Malgré une saison des pluies bien arrosée, la problématique d’accès à l’eau reste une des principales préoccupations de beaucoup de communes polynésiennes. L’archipel des Tuamotu notamment, composé d’îles atolls (île basse coralienne) est particulièrement touché par le manque d’eau du fait de la faible pluviométrie (dû à l’absence de relief qui capte les nuages sur les îles hautes, et au changement climatique), de l’absence de ressource en eau de surface (lac, rivière) et de la vulnérabilité de la lentille d’eau douce (eau sous-terraine de plus en plus salée du fait de la montée du niveau de la mer).

L’eau dans ces atolls vient de plusieurs sources :

  • De la récupération de l’eau de pluie de manière individuelle via les toits des maisons et des cuves plastiques. L’eau non traitée et parfois longuement stockée n’est pas toujours propre à la consommation
  • De la récupération de l’eau de pluie via les services de la commune (toits communaux et cuves plastique, eau traitée par filtration et chloration) qui vend l’eau via des bornes fontaines
  • Parfois de l’eau saumâtre sous-terraine (impropre à la consommation)
  • De l’eau en bouteille importé (excessivement chère et polluante)

Nos constatations

Si en saison des pluies, les cuves permettent souvent de faire le plein, les particuliers et pensions de famille vivent sur leur réserve en saison sèche avec la peur constante de manquer d’eau.

Aujourd’hui, même certaines îles hautes de Polynésie (îles Marquises, Maupiti, Moorea…) ne sont pas épargnées par le manque d’eau, lors des saisons sèches.

Comme en métropole, la compétence eau est communale et les petites communes isolées sont parfois démunies face à ces problématiques. Elles se regroupent alors en syndicat de commune et se dotent de moyen humain et technique pour gérer les projets financés souvent par le gouvernement.

Ces premières semaines en Polynésie nous ont permis de mieux saisir les enjeux polynésiens et contextes locaux, de rencontrer les syndicats de communes, représentants du gouvernements, bureaux d’étude et partenaires techniques.

La priorité du solaire et l’importance de la formation

Nous pensons que dans certaines communes en stress hydrique, le dessalement peut apporter une solution complémentaire à l’eau de pluie. Mais ce service de dessalement ne sera durable et pertinent que s’il est solaire, au vu du coût local de l’électricité et de la complexité de l’approvisionnement en diesel, écologique (avec des techniques douces de captage et de rejet), simple et robuste.

Si l’aspect technologique est important, la réussite des projets vient surtout de la capacité à développer et fournir une compétence et un service local. Cela passera par les formations des équipes techniques communales et la présence à Tahiti d’un service d’appui à l’opération et la maintenance (c’est ce sur quoi nous travaillons avec notre partenaire local Océa). Une technologie sans service, surtout dans les îles isolées, ne pourra pas être durable ! En utilisant le solaire comme source principale d’énergie, avec des équipements simples et robustes et des équipes formées dans les communes et à Tahiti, le coût d’opération de ces systèmes est quasi nul et bien inférieur aux prix des bornes fontaines et plus encore au prix de l’eau en bouteille.

Mais surtout pour construire un projet et un service adapté et durable, il apparait clair qu’il faut impliquer dès le début les acteurs locaux et les communes et communautés dans la conception du projet pour faire émerger des solutions en adéquation avec l’écosystème local, les contraintes logistiques, l’environnement, la culture locale…

Au lendemain de notre départ pour les Tuamotu nous sommes impatients d’aller à la rencontre des communes, communautés et acteurs de l’eau des Tuamotu, Gambier et Australes, pour comprendre les problématiques et enjeux locaux et travailler ensemble sur des solutions locales et durables.

Le bateau est prêt et l’avitaillement fini. L’aventure commence !