Sujet 02 : Les procédés utilisés dans le Pacifique sud

La semaine dernière, nous vous parlions des différents procédés de traitement d’eau. Mais sont-ils utilisés dans le Pacifique sud et surtout pour quels types d’eau ? C’est ce que nous vous expliquons dans ce deuxième article sur les traitements d’eau dans le Pacifique sud.

Les procédés utilisés

L’eau de pluie

L’eau de pluie récoltée sur les toits se charge souvent en bactérie et matière en suspension. Son traitement par filtration et chloration ou rayonnement UV est fortement recommandé avant potabilisation.

Or, si les communes proposent de tels traitements avant distribution aux populations, rares sont les particuliers qui peuvent la traiter. En effet l’acheminement de chlore ou de produits chimiques dans les îles isolées est complexe et coûteux.

L’utilisation pour la boisson d’une telle eau non traitée, comme souvent dans le Pacifique, peut conduire à de graves problèmes de santé.

L’eau souterraine

La qualité de l’eau souterraine peut être très variée d’une île à une autre. L’eau peut être parfaitement douce et propre ou contaminée par l’intrusion de sel (eau saumâtre), de métaux lourds ou de virus et bactéries issues des fosses septiques alentour.

De fait, cette ressource dans le Pacifique est rarement utilisée comme eau potable sans traitement. Les particuliers l’utilisent avant tout pour la douche et les toilettes quand l’eau de pluie vient à manquer.

L’eau de surface

Cette eau de lac et rivière, absente dans les atolls, est la source principale d’eau dans les îles hautes. Sa qualité varie fortement selon la saisonnalité, elle est souvent très chargée en matière en suspension et peut, pendant la saison des pluies, arborer une couleur marron du fait d’une très forte turbidité.

Les traitements collectifs par filtration, floculation/décantation et chloration s’imposent avant potabilisation et distribution aux particuliers.

L’eau de mer

Pour l’eau de mer c’est un peu différent, le traitement par osmose inverse pour éliminer les sels, particules les plus fines, enlève également tous les autres minéraux de cette eau devenue pure.

L’ajout de minéraux, la reminéralisation, sert notamment à la préservation des canalisations qui supportent mal l’eau déminéralisée et s’oxydent à son contact.

Débarrassée de ses bactéries, l’eau est bien potable en sortie d’osmose inverse, on utilisera cependant une légère chloration pour la préserver durant son stockage.

Le stockage et la distribution, c’est d’ailleurs le sujet de notre prochain thème !

 

Sujet 01 : Le Traitement de l’eau

Presque 1 million de personnes meurent chaque année à cause d’une mauvaise qualité d’eau. Il existe pourtant de nombreux procédés permettant de la traiter et c’est ce que nous allons essayer de voir dans ce thème consacré au traitement de l’eau.

Les différents procédés

Qu’est-ce que l’on traite ?

Les matières en suspension sont les éléments ni flottants, ni décantables de l’eau. Elles sont visibles à l’œil nu, c’est elles qui rendent l’eau trouble.
Les virus et bactéries sont plus discrets et peuvent contaminer l’eau selon leurs natures et leur nombre. Ils se développent davantage
dans les eaux stagnantes et chaudes.
Enfin les minéraux et métaux lourds sont les éléments les plus fins que l’on puisse trouver dans l’eau, on les trouve, sauf contamination ponctuelle, principalement dans l’eau souterraine et l’eau de mer.

La filtration

La filtration est le plus simple des traitements. Elle consiste à faire passer l’eau à travers un milieu poreux pour la séparer de ses éléments solides.
Quand on utilise un filtre, on fait attention à la taille de la maille, selon ce que l’on veut enlever, et à son état car à l’usure les pores se bouchent ou pire se dilatent et le filtre n’est plus efficace.

 

Coagulation-floculation-décantation

Le nom vous paraît barbare ? Ce n’est pas si compliqué.
On ajoute à l’eau des sels métalliques pour que les petites particules flottantes puissent s’attacher entre elles, c’est la coagulation. Toutes ces particules forment ensuite des blocs assez lourds pour couler, c’est la floculation. Ces petites particules qui étaient autrefois en suspension sont maintenant assez lourdes pour tomber au fond de l’eau, c’est la décantation.

 

Et les plus petites bactéries ?

Certaines bactéries responsables des problèmes d’hygiène sont trop petites pour être piégées, il faut alors les tuer.
La chloration est souvent utilisée pour éliminer ces bactéries. Ce traitement chimique est rémanent, c’est-à-dire qu’il reste dans l’eau et agit en continu mais il laisse à l’eau un goût particulier.
Des lampes UV peuvent aussi être utilisées pour purifier de manière instantanée et ne pas altérer le goût de l’eau. En revanche, il faudra les utiliser régulièrement et en payer le coût énergétique.

L’osmose inverse

• Dans certains cas, comme dans le traitement de l’eau de mer ou de l’eau saumâtre, il faut se débarrasser de toutes les particules, même les minéraux les plus fins tels que les ions du sel ou les métaux lourds.

• L’osmose inverse (Thème 1 article 4) est alors d’une efficacité remarquable, elle ne laisse rien passer. Tellement remarquable que l’on doit parfois rajouter des composants pour stocker l’eau, on parle alors de post-traitement.

Et dans le pacifique sud ? L’eau est-elle traitée ?
On s’y intéresse la semaine prochaine.

 

Sujet 04 : Le dessalement d’eau de mer

Nous vous avons précédemment parlé des captages d’eau douce conventionnels et ancestraux.
Mais face à la nouvelle crise de l’eau, le dessalement de l’eau de mer, ressource infinie (98% de l’eau sur la planète), a aujourd’hui pris une place non négligeable dans l’approvisionnement en eau sur terre.

 

Pourquoi ?

Le dessalement ne remplace pas les autres manières de capter l’eau douce, mais vient plutôt en complément des solutions conventionnelles de production d’eau potable, lorsqu’elles viennent à faire défaut. Depuis les années 50, plusieurs procédés ont été utilisés : distillation, électrodialyse, osmose inverse. L’osmose inverse s’est imposée face aux autres technologies de dessalement car elle est moins consommatrice d’énergie et donc plus économique.

 

Comment ?

Le procédé d’osmose inverse consiste à, après avoir pompé et pré-traité l’eau de mer, la pousser à une pression comprise entre 20 et 70 bars à travers des membranes hémi-perméables. Le sel est alors piégé dans ces membranes d’un diamètre de l’ordre du millième de micromètre. Il en ressort d’un côté un perméat, eau potable stockée et distribuée et de l’autre côté un concentrat d’eau sursalée rejeté en mer.

 

Où ?

Le dessalement est utilisé dans des contextes faisant face à des déficits hydriques. Cela peut être des déficits structurels comme au moyen orient, où sont apparus ces premières technologies, ou des déficits ponctuels, pour répondre à un besoin saisonnier qui peut être très régulier, comme dans les îles atolls ou l’Australie. Ainsi, lorsqu’il ne pleut pas pendant parfois plus de six mois sur ces îles sans relief et où le pompage dans les fines lentilles d’eau douce souterraine entrainent des intrusions d’eau de mer, le dessalement prend tout son sens.

 

Qui ?

Les municipalités peuvent avoir recours au dessalement pour compléter leur ressource en eau ou pour venir en aide aux communautés les plus reculées en situation de stress hydrique. Les gros consommateurs d’eau tels que les pensions de famille, hôtels, mines utilisent ces techniques quand ils dépassent les consommations habituelles, très faibles dans les îles du pacifique sud. Des projets agricoles existent dans le monde mais peinent encore à s’imposer dans cette région car ils demandent énormément d’eau douce (plus de 70% de la consommation mondiale sert à l’agriculture).

 

Les limites

Deux écueils sont généralement opposés au dessalement :

• Les rejets d’eau sursalée, lorsque reversés sans contrôle ni attention à leur impact, peuvent nuire à la biodiversité marine. Des solutions existent pour en limiter l’impact : bas taux de conversion, dilution, diffusion.

• Si la consommation d’énergie a été divisée par 3 au cour des dix dernières années, elle reste significative et pèse sur les budgets des îles aux coûts électriques élevés. Ici aussi, des solutions existent…

 

Nous nous intéresserons prochainement à cette problématique énergétique…
Mais la semaine prochaine on vous dit comment l’eau est traitée !